ChatGPT devient « super-app » : l’IA qui s’invite dans ta vie quotidienne

OpenAI vient de franchir une nouvelle étape dans l’ambition de transformer ChatGPT en hub central de nos vies numériques. Lors de son événement DevDay 2025, la société a dévoilé Apps SDK, un nouveau kit de développement qui permet désormais à ChatGPT d’interagir directement avec d’autres applis — Spotify, Canva, Booking.com, Zillow, et bien d’autres — sans jamais quitter sa fenêtre de chat.

Concrètement : vous discutez avec ChatGPT pour planifier un voyage, et c’est Expedia ou Booking derrière la scène qui fouine les hôtels ; vous voulez créer un visuel pour Instagram ? Canva est là, dans la conversation ; vous cherchez un bien immobilier ? Zillow affiche les annonces directement.

Mais — car il y a un mais — cette magie n’est pas encore disponible en Europe. Pour l’instant, seuls les utilisateurs hors de l’Union européenne peuvent profiter de ces intégrations.

Pourquoi c’est une révolution — et pourquoi ça pourrait inquiéter

Avec l’arrivée de l’Apps SDK, OpenAI ne se contente plus de fournir un modèle de conversation : elle bâtit une plateforme. Les développeurs peuvent désormais créer des mini-applications intégrées dans ChatGPT, avec interface et logique propres, interconnectées à leurs serveurs, à leurs données privées ou à leurs services payants.

On parle ici d’un virage stratégique : ChatGPT pourrait devenir une sorte de front-end universel pour toutes nos interactions numériques. Pas besoin de passer par Google, l’App Store ou de multiples interfaces — on demanderait directement à l’IA, qui agirait en coulisse.

Revenus, monétisation : ça va dans tous les sens

OpenAI pousse aussi l’idée d’un canal économique nouveau. Grâce à ce système, des transactions — achats, réservations, abonnements — pourront se faire dans ChatGPT, sans rediriger vers d’autres sites. Le protocole Agentic Commerce Protocol (ACP) est évoqué dans cette logique de paiement intégré.

Les partenaires déjà embarqués (Booking, Expedia, Spotify, Canva, Zillow, Coursera, Figma) ont vu leur valorisation flamber en Bourse dès l’annonce. Et d’autres acteurs — Uber, AllTrails, DoorDash, OpenTable — sont annoncés pour rejoindre le bal dans les prochains mois.

À ce stade, plusieurs modèles sont à l’étude : part des revenus, commissions, frais de service intégrés, ou modèles freemium pour les apps embarquées.

Danger ou défi : vie privée, confiance, contrôle

Quand une IA agrège Spotify, Canva et votre banque, la question de la confidentialité devient cruciale. Quels accès donne-t-on ? Quelles données peut-on partager ? Comment vérifier que l’app “ChatGPT-Spotify” ne collecte pas (par inadvertance ou de façon malveillante) des informations que vous ne vouliez pas ?

Les règles imposées aux développeurs sont strictes : transparence des permissions, stabilité de l’app, pertinence d’usage, interface claire, conformité aux politiques OpenAI. Mais le risque de faille subsiste : les interactions naturelles (langage) peuvent être interprétées de façon ambigüe, ouvrant la porte à des abus.

Plusieurs chercheurs soulignent déjà que l’écosystème des “plugins / apps LLM” est vulnérable, car les tiers ne sont pas investis de la même confiance que le fournisseur d’IA lui-même.

Autre enjeu : la centralisation. Si ChatGPT devient la porte d’entrée unique vers la plupart de nos services numériques, le pouvoir concentré entre les mains d’OpenAI pourrait inquiéter — pour l’innovation, pour la concurrence, pour la liberté d’interaction.

Ce que ça change pour toi (et pour nous, lecteurs curieux)

À terme, fini de jongler entre 10 applis : vous allez “parler” à ChatGPT pour réserver un hôtel, composer une playlist, chercher un bien immobilier ou vous former en ligne. L’IA, portée par Apps SDK, fera le lien directement. Plus d’onglets, plus de “je vais aller sur le site”, c’est ChatGPT qui orchestre.

Avantage pour les créateurs, développeurs, startups

C’est une opportunité en or pour les concepteurs d’apps : intégrer son service dans ChatGPT peut permettre d’accéder à ses centaines de millions d’utilisateurs dès le lancement. Le coût d’entrée, l’user acquisition, l’intégration technique deviennent (relativement) plus simples.

Mais attention : pour se démarquer, il faudra concevoir des expériences intelligentes, utiles, sécurisées — et respectueuses des règles du jeu OpenAI.

Une Europe à la traîne — pour combien de temps ?

Nous, Européens, restons pour l’instant à la porte : cette intégration n’est pas (encore) activée dans l’UE. OpenAI évoque un déploiement futur, après mise en conformité avec les législations locales (RGPD, liberté numérique).

Mais ça signifie que, pour l’instant, seuls les utilisateurs hors UE peuvent expérimenter ces nouveaux usages. Une question se pose : l’Europe acceptera-t-elle de jouer l’innovation ou restera-t-elle freinée par ses propres garde-fous ?

Personnellement, je prédis qu’en 2026, certains utilisateurs demanderont à ChatGPT de “lancer Uber pour moi”, ou “réserver ce restaurant pour ce soir” — sans jamais ouvrir l’appli Uber ou OpenTable. Le chatbot deviendra l’OS de notre vie numérique, en mode convers-pilote.