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today3 décembre 2025
Du Box-Office à la Peste Noire Conjugale : Le film le plus attendu de l’année est déjà disponible en streaming. Si le casting est royal, les raisons de son atterrissage ultra-rapide sur Disney+ soulèvent des questions sur la pertinence de cette Comédie Noire face à son classique prédécesseur.
Aujourd’hui, 3 décembre, le très attendu remake de « La Guerre des Roses » débarque discrètement sur la plateforme Disney+ (via la bannière Searchlight Pictures). L’idée était pourtant séduisante : reprendre cette histoire culte d’une séparation qui tourne au jeu de massacre domestique, et confier les rênes à un duo d’acteurs de prestige, Olivia Colman et Benedict Cumberbatch. Un scénario de Tony McNamara (La Favorite), réalisé par Jay Roach, que pouvait-il mal se passer ?
L’enthousiasme médiatique des premiers jours a rapidement fait place à une vérité moins glamour : l’arrivée précipitée en streaming est le signe le plus évident d’une carrière en salles qui n’a pas été à la hauteur des attentes, loin de là. L’heure n’est pas à la promotion complaisante, mais à l’analyse objective. Pourquoi un film si bien armé a-t-il été si rapidement envoyé au bûcher du streaming, et que vaut-il vraiment face à la ferveur inoubliable de l’original ?
Pour un film doté d’un casting doublement oscarisé et d’un budget estimé à 30 millions de dollars (sans compter les coûts marketing), le baromètre financier est implacable. « La Guerre des Roses » (2025), ou The Roses, est sorti en salles fin août 2025 et a lutté pour trouver son public.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : le film a péniblement atteint les 52 millions de dollars au box-office mondial, un score très modeste. Pour Searchlight Pictures, il s’agit d’un échec commercial incontestable, l’empêchant d’atteindre le seuil de rentabilité après avoir pris en compte les dépenses promotionnelles.
L’arrivée sur Disney+ en moins de 100 jours n’est donc pas un cadeau aux abonnés, mais une stratégie pragmatique. Le film est recyclé en produit d’appel, capitalisant sur la notoriété de ses têtes d’affiche. En clair : ce qui n’a pas fonctionné pour générer des recettes en salle est désormais utilisé pour générer des abonnements. C’est l’un des revers de la médaille de l’ère du streaming où même un film de prestige peut être déclassé en « contenu » en l’espace d’une saison. Le prestige de Cumberbatch et Colman est dorénavant un argument de vente pour la plateforme, et non pour le cinéma.
L’échec commercial ne doit pas occulter la qualité intrinsèque de cette Comédie Noire. Le scénario, piloté par le brillant Tony McNamara, est la véritable star de cette réinterprétation.

L’histoire d’Ivy et Theo est transposée avec acuité dans notre époque. La rupture n’est plus seulement une question de propriété matérielle, mais de guerre d’égo liée à la réussite professionnelle. Theo (Cumberbatch), dont la carrière stagne, ne supporte pas le succès éclatant d’Ivy (Colman). Cette jalousie professionnelle toxique remplace l’ennui conjugal de l’original. McNamara excelle à distiller cette cruauté dans des dialogues ciselés, des piques vicieuses et une rhétorique de rupture qui sonne terriblement vrai pour les couples de la classe supérieure moderne, où la réussite de l’un peut étouffer l’autre.
Le film se déploie comme une destruction psychologique méticuleuse : le sourire parfait d’Ivy devient menaçant, la frustration de Theo se transforme en sabotage mesquin. Le contraste entre le décorum bourgeois de la maison et la vulgarité des sentiments est l’essence même de cette comédie noire. Ce n’est pas seulement le mobilier qui est détruit, c’est l’image de marque du couple « Ivy & Theo » qui est méthodiquement effacée.
La question inévitable qui a freiné le box-office est la comparaison avec l’original de 1989. L’œuvre de Danny DeVito, avec Michael Douglas et Kathleen Turner, n’était pas une simple comédie noire, c’était un thriller psychologique férocequi n’hésitait pas à basculer dans la violence physique la plus audacieuse. La destruction de la maison était totale, la fin, définitivement tragique et sans espoir.
Le remake de Jay Roach, malgré le talent incontestable de ses acteurs, a opté pour une approche différente, jugée moins « mordante » par une partie de la critique.
En conséquence, la réception critique a été mitigée (autour de 65% sur Rotten Tomatoes). Si tout le monde salue la performance des acteurs, beaucoup regrettent que le film n’ait pas osé aller jusqu’au bout de la folie et de la noirceur brute instaurées par DeVito. Ce remake est excellent, mais il reste dans l’ombre de son prédécesseur en termes d’audace formelle.
Malgré ses faiblesses en salles, « La Guerre des Roses » trouve sur Disney+ sa place idéale. C’est un film qui mérite d’être vu pour ses performances d’acteurs. Olivia Colman, en Ivy, est magistrale dans son cynisme croissant, et Benedict Cumberbatch excelle dans le rôle de l’homme dont l’égo est démoli. Le support est assuré par les géniaux Andy Samberg et Kate McKinnon, qui injectent le grain de folie absurde nécessaire à cette ambiance toxique.
C’est un spectacle de haine So British, sophistiqué et drôle, qui pose une question fondamentale : qu’est-ce qui est plus important dans le couple moderne, le compte en banque ou l’amour-propre ? Et à quel prix ?
Disponible dès maintenant sur Disney+, cette comédie noire de haute volée est un excellent contenu pour les abonnés en quête de films intelligents et sans concession. Si vous cherchez un film qui vous fera rire amèrement des drames conjugaux, « La Guerre des Roses » (2025) est le choix parfait. Simplement, il est important de savoir que derrière le prestige, se cache un succès critique qui a manqué sa cible commerciale.
Écrit par: Raoul Lionel
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