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CA S'EST PASSÉ DANS LES 90's - 1999, le bug de l'an 2000
today21 octobre 2025
Et si, au lieu de scroller votre fil Instagram, vous tourniez simplement une page ? Si, au lieu de chercher le prochain week-end “déconnexion”, vous viviez une aventure intérieure sans quitter votre fauteuil ? Certains livres possèdent cette magie rare : ils offrent une évasion totale, une respiration, un ailleurs. Dans un monde où tout va trop vite, où les journées s’enchaînent au rythme des alertes et des mails, ces livres d’évasion nous rappellent une vérité simple : parfois, s’isoler, c’est se retrouver.
L’envie de tout plaquer, de s’offrir un coin de silence au bord d’un lac ou dans une forêt profonde, n’a jamais été aussi forte. Ce n’est pas un hasard si le mot-clé “slow life” explose sur les moteurs de recherche. La lecture devient alors un refuge, une cabane mentale où l’on s’abrite du vacarme du monde. Les romans qui célèbrent la nature, la solitude choisie et la lenteur s’imposent comme les nouveaux guides de bien-être. Ce ne sont plus seulement des histoires : ce sont des appels à ralentir.
Commençons par celui qui en a fait un art de vivre : Sylvain Tesson, l’écrivain voyageur, l’homme qui a fait de la marche une philosophie. Dans Sur les chemins noirs, il traverse la France à pied, évitant les routes modernes pour retrouver les traces du vieux pays. Chaque mot est une caresse pour la terre. On y sent la poussière, le vent, la fatigue, mais surtout une liberté presque sauvage. Ce livre n’est pas une simple randonnée : c’est une reconquête de soi. Tesson écrit avec une élégance rude, celle d’un homme qui sait ce que signifie se perdre pour mieux se retrouver. C’est un roman qui pousse à lever les yeux de l’écran et à marcher, juste marcher.
Avant Tesson, il y avait Thoreau, le père spirituel de tous les ermites modernes. En 1845, il s’installe dans une cabane au bord de l’étang de Walden, dans le Massachusetts, pour y vivre simplement, sans superflu. Walden ou la vie dans les boisest un texte fondateur, un mélange de journal intime, de manifeste écologique avant l’heure et de méditation philosophique. On y découvre une vie rythmée par les saisons, les sons de la forêt et les réflexions sur la société. Relire Thoreau aujourd’hui, c’est mesurer à quel point nos existences se sont complexifiées, et combien il est difficile – mais vital – de retrouver le goût de la lenteur. Son écriture respire la sérénité, et ses idées, vieilles de presque deux siècles, paraissent plus modernes que jamais.
Oui, encore lui. Parce qu’il est sans doute l’un des rares écrivains contemporains à capter avec autant de justesse le lien entre l’homme et la nature. Dans La panthère des neiges, Tesson part au Tibet avec le photographe Vincent Munier, à la recherche d’un animal mythique. Mais ce qu’il trouve, c’est bien plus qu’une panthère : c’est la beauté du silence, la patience, la contemplation. Le livre, couronné par le prix Renaudot, est une merveille d’introspection et de poésie. Chaque page donne envie de s’arrêter, d’écouter, d’attendre. Et dans cette attente, on comprend que la nature n’a jamais cessé de nous parler – c’est nous qui avions cessé de l’écouter.
Changement de décor : cap sur les marais de Caroline du Nord. Delia Owens signe avec Là où chantent les écrevisses un roman d’une sensibilité bouleversante, entre intrigue policière, roman d’apprentissage et hymne à la nature. On y suit Kya, une fillette abandonnée, qui grandit seule dans les marais. Sa solitude devient une force, sa connaissance du monde sauvage, une poésie. Ce livre a conquis des millions de lecteurs à travers le monde, et son adaptation cinématographique a renforcé encore sa popularité. Ce n’est pas un simple roman : c’est une expérience émotionnelle, une ode à la résilience, à la beauté brute du monde.
Et puis il y a Catherine Poulain, l’aventurière des mers froides. Dans Le Grand Marin, elle raconte sa vie à bord d’un bateau de pêche en Alaska. Ce n’est pas une fable douce ni une promenade romantique : c’est un texte rugueux, salé, traversé de vent, de sang et d’eau glacée. Mais derrière cette rudesse, il y a une liberté rare, un cri de vérité. Catherine Poulain écrit comme elle vit : sans filtre. On sent la douleur, la fatigue, la joie brute d’exister. Ce roman est un hommage à ceux qui osent tout quitter pour vivre intensément.
Ces romans pour s’évader ne sont pas de simples divertissements. Ils sont des antidotes à la fatigue moderne. En tournant leurs pages, on réapprend à respirer, à contempler, à ralentir. Ils nous rappellent que la vie ne se trouve pas toujours dans la performance, mais dans la présence. Lire Tesson, Thoreau, Owens ou Poulain, c’est faire un pas de côté. C’est accepter de ne rien “faire” pendant quelques heures – et pourtant, tout vivre.
On rêve tous, un jour ou l’autre, de se retirer dans une cabane au bord d’un lac, avec juste un livre et le silence. Ces auteurs nous y emmènent sans billet d’avion. Leurs mots sont des refuges, des haltes, des foyers. Dans un monde saturé de bruits et d’images, lire devient un acte de résistance douce, une manière de dire : le monde peut attendre, je lis.
Alors, avant de réserver votre prochaine retraite détox, essayez une cure de lecture. Allumez une bougie, laissez votre téléphone en mode avion, et laissez ces livres vous emmener ailleurs. L’évasion commence à la première page.
Écrit par: Axel Tessier
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