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Sport et Mémoire : Les Limites du Bénéfice pour les Jeunes à Risque d’Alzheimer

Écrit par sur 29 mai 2024

Des scientifiques Suisse ont exploré l’impact du sport sur la mémoire chez les jeunes adultes en bonne santé mais porteurs d’un risque génétique accru de développer la maladie d’Alzheimer. Contrairement aux attentes, les bienfaits du sport sur la mémoire ne semblent pas s’appliquer à ces individus, selon une étude récente.

Une Moins Bonne Mémoire Associative chez les Porteurs du Gène APOE

L’étude, menée par des neuroscientifiques de l’Université et des Hôpitaux universitaires de Genève (UNIGE/HUG) ainsi que de l’Université de Lausanne, a mis en lumière une moins bonne mémoire associative chez les jeunes adultes porteurs d’une variation du gène APOE, connu pour augmenter le risque de maladie d’Alzheimer. Publiées dans la revue Cerebral Cortex, ces découvertes révèlent que, bien qu’ils ne présentent aucun symptôme clinique, ces individus montrent des signes précoces de déficience cognitive comparés à leurs homologues sans cette mutation génétique.

Le Rôle des Endocannabinoïdes et de l’Hippocampe

L’effort physique stimule la production de petites molécules appelées endocannabinoïdes, lesquelles déclenchent une sensation de bien-être et activent l’hippocampe, une région du cerveau cruciale pour la mémoire et la navigation spatiale. Les neurones de cette zone sont les premiers à se détériorer lors du développement de la maladie d’Alzheimer. Cette activation de l’hippocampe est normalement bénéfique pour la mémoire, mais semble insuffisante chez les jeunes adultes à risque.

Les Méthodes et Résultats de l’Étude

Les scientifiques ont recruté 50 individus âgés de 18 à 25 ans pour réaliser une tâche de mémoire associative. Les volontaires devaient mémoriser des séries d’images, suivies soit de 30 minutes de vélo d’appartement à vitesse modérée, soit d’une période de repos. Les performances de mémoire étaient ensuite évaluées, et des images cérébrales étaient prises par IRM.

Hyperactivation de l’Hippocampe chez les Individus à Risque

« A notre grande surprise, le groupe à risque présentait de moins bonnes performances que le groupe contrôle dans cette tâche de mémoire, que ce soit après une séance de vélo ou après une phase de repos, contrairement au groupe de contrôle », explique Kinga Igloi, collaboratrice scientifique dans le groupe de Sophie Schwartz au Département des neurosciences fondamentales de l’UNIGE.

Les IRM ont révélé une hyperactivation des neurones de l’hippocampe chez les individus porteurs du gène APOE dans toutes les conditions de test, suggérant des mécanismes compensatoires cérébraux. Cette observation pourrait indiquer une tentative du cerveau de compenser la déficience cognitive potentielle due à la variation génétique.

Les Bénéfices du Sport Ne Sont Pas Remis en Cause

Les auteurs de l’étude insistent néanmoins sur le fait que ces observations ne doivent pas remettre en question les effets bénéfiques généraux de la pratique sportive sur la plasticité synaptique, bénéfique pour tous, indépendamment du risque génétique. Le sport reste un facteur clé pour une bonne santé cérébrale et physique, même pour ceux à risque de développer la maladie d’Alzheimer.

Ces découvertes soulignent l’importance de poursuivre les recherches sur les mécanismes sous-jacents des troubles cognitifs et les moyens de les prévenir, afin de mieux comprendre et potentiellement intervenir sur les processus précoces de la maladie d’Alzheimer.