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Stéphane Davet : transmettre l’astronomie, entre passion et immensité

today13 septembre 2025

Arrière-plan
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Découvrir une exoplanète, c’est un peu comme gagner à l’Euromillions… mais en beaucoup plus improbable. En 1995, Michel Mayor et Didier Queloz ont pourtant réussi cet exploit scientifique : la première détection d’une planète en orbite autour d’une autre étoile que le Soleil, 51 Pegasi b. Un moment fondateur, récompensé par le prix Nobel de physique en 2019.

Et c’est ce chercheur de renom qui viendra au festival Astro Chablais, le 26 septembre prochain, à l’invitation de Stéphane Davet. Président de l’association et passionné d’astronomie depuis son adolescence, il se réjouit : « Michel Mayor, c’est un peu notre Formule 1. Sa présence est une carte de visite énorme pour le festival. »

Comment détecter une exoplanète ?

Contrairement à ce qu’on pourrait croire, les astronomes ne « voient » pas directement ces mondes lointains. Deux méthodes dominent la recherche. La première est celle de la vitesse radiale : une planète, en tournant autour de son étoile, provoque un infime mouvement de va-et-vient de celle-ci. Grâce à l’effet Doppler, ce déplacement se traduit par une variation de couleur de la lumière stellaire, révélant la présence de la planète et certaines de ses caractéristiques.

Stéphane Davet
Stéphane Davet, astrophysicien, président d’AstroChablais © Cindy Heiniger

La seconde méthode est celle des transits. Quand une planète passe devant son étoile, la luminosité de celle-ci baisse très légèrement. Si cette baisse se répète à intervalles réguliers, les chercheurs en déduisent l’existence d’une planète en orbite. Des télescopes comme Kepler ont permis, grâce à cette technique, de détecter des milliers d’exoplanètes.

Aujourd’hui, 98 % des découvertes reposent sur ces deux procédés. Mais la prouesse la plus spectaculaire est venue du télescope spatial James Webb, qui a réussi à photographier directement une exoplanète en masquant artificiellement la lumière de son étoile. Un exploit que Stéphane Davet compare à « distinguer une luciole à côté d’un phare situé à 200 km ».

La passion d’un enseignant

Si Michel Mayor incarne la figure du savant, Stéphane Davet est la voix passionnée de l’astronomie au Chablais. Son intérêt est né enfant, en découvrant des magazines regorgeant d’images de galaxies et de nébuleuses. Un petit télescope en plastique offert avec un livre a fait le reste. « C’est incroyable, ça existe dans le ciel et je ne l’ai jamais vu ! » se rappelle-t-il.

Aujourd’hui enseignant de mathématiques et de physique, il anime un groupe d’astronomie au collège. Les jeunes y trouvent un lieu d’échange et participent activement aux activités du festival. Pour financer leurs projets – comme l’achat de télescopes ou des visites d’observatoires – ils tiennent même le stand de restauration.

S’il a dû renoncer à l’observation directe à cause d’une maladie dégénérative de la rétine, Stéphane Davet continue de transmettre sa passion par des conférences et par son engagement associatif : « Les images, je les ai en moi », dit-il simplement.

Vulgariser pour tous

L’astronomie a ceci de particulier qu’elle captive immédiatement. Contrairement à des disciplines plus techniques, elle soulève des questions universelles : d’où venons-nous, pourquoi sommes-nous là, sommes-nous seuls ? Elle inspire l’imaginaire depuis l’Antiquité, quand Grecs et Égyptiens peuplaient le ciel de dieux et de créatures pour apprivoiser l’infini.

Encore aujourd’hui, le spectacle d’un ciel préservé, sans pollution lumineuse, provoque un vertige. Stéphane Davet raconte une nuit en Islande, face à une voûte étoilée traversée d’aurores boréales : « On a l’impression de tomber vers le haut ». Cette expérience rappelle à quel point l’humanité n’est qu’une poussière dans l’univers.

Sommes-nous seuls ?

C’est la grande question. Pour Stéphane Davet, la découverte d’une vie ailleurs serait une révolution comparable à celle de Copernic, qui a déplacé la Terre du centre de l’univers. Une révélation culturelle, philosophique et scientifique.

L’idée enthousiasme la plupart des gens, même si les rêves de voyage interstellaire doivent être tempérés : atteindre Proxima du Centaure, l’étoile la plus proche, demanderait… 40 000 ans à nos vitesses actuelles. Comme le résume un astrophysicien ami de Davet, « il y a sûrement plein de vies dans la galaxie, mais elles sont enfermées dans leurs bulles, séparées par des distances infranchissables ».

Un rendez-vous à ne pas manquer

C’est avec cette double force – rigueur scientifique et émerveillement – que Michel Mayor viendra partager ses découvertes au public chablaisien. Mais c’est surtout grâce à la passion intacte de Stéphane Davet que l’astronomie continue de briller dans la région. Car si nous ne savons pas encore si nous sommes seuls, une chose est certaine : transmise avec enthousiasme, l’astronomie reste une invitation à lever les yeux vers le ciel.

Écrit par: Maurizio Iulianiello