Joker : Folie à Deux – Quand le cinéma et l’univers des comics fusionnent

Le film Joker : Folie à Deux, suite du long-métrage Joker de Todd Phillips sorti en 2019, est l’un des projets les plus attendus de l’année. Porté par la performance mémorable de Joaquin Phoenix, qui a remporté l’Oscar du Meilleur Acteur pour sa prestation en 2019, le film promet de poursuivre une approche unique du personnage de Joker, l’un des vilains les plus iconiques de l’univers DC Comics.

Retour sur le premier opus : une révolution dans les films de super-héros

Joker (2019) s’est distingué par sa relecture du genre des films de super-héros. Contrairement aux productions habituelles de l’univers DC ou Marvel, souvent riches en effets spéciaux et en scènes d’action spectaculaires, ce film s’est concentré sur une étude de personnage sombre et réaliste. Todd Phillips a ainsi privilégié une approche plus psychologique, explorant les origines d’Arthur Fleck, un homme marginalisé par la société, sombrant peu à peu dans la folie.

Ce traitement, inspiré des films de Scorsese tels que Taxi Driver (1976) et The King of Comedy (1982), tranche radicalement avec les versions antérieures du Joker vues au cinéma, que ce soit celle de Jack Nicholson dans Batman (1989) ou celle plus chaotique et anarchique d’Heath Ledger dans The Dark Knight (2008).

Joker : Folie à Deux – Une suite sous le signe de la comédie musicale ?

Avec Joker : Folie à Deux, Todd Phillips a pris tout le monde par surprise en annonçant que cette suite prendrait des éléments de comédie musicale. Un choix audacieux, surtout dans un univers comme celui du Joker, souvent associé à des thèmes sombres et violents. Pour marquer cette tonalité singulière, Lady Gaga a rejoint le casting dans le rôle supposé d’Harley Quinn, une autre figure iconique des comics, complice et amante du Joker. Cette collaboration entre Joaquin Phoenix et Lady Gaga promet d’amener une dynamique électrique et une exploration encore plus poussée de la psyché du Joker.

La notion de « folie à deux » fait référence à un trouble psychotique partagé entre deux individus, et cette idée semble correspondre parfaitement à la relation toxique entre Joker et Harley Quinn, telle qu’elle a été dépeinte dans les comics et certaines adaptations animées. Contrairement à la Harley Quinn de Margot Robbie, vue dans Suicide Squad (2016) et Birds of Prey (2020), cette version pourrait proposer une approche plus intimiste et perturbante de la relation entre les deux personnages, axée sur leur dépendance mutuelle et leurs dérives mentales.

Comparaison avec l’univers étendu des comics et des adaptations

Le personnage du Joker a connu de multiples réinterprétations à travers les décennies, tant dans les comics que sur grand écran. Comparons quelques-unes des plus emblématiques :

• Jack Nicholson (Batman, 1989) : L’interprétation de Nicholson, dirigée par Tim Burton, est sans doute l’une des plus iconiques. Fidèle à la version des comics de l’époque, ce Joker est flamboyant, sadique et doté d’un sens de l’humour macabre. C’est un personnage larger-than-life, très inspiré par le style gothique de Burton.
• Heath Ledger (The Dark Knight, 2008) : La performance de Ledger, qui lui a valu un Oscar à titre posthume, a profondément marqué le public. Son Joker est un agent du chaos, un anarchiste sans véritable but autre que de semer le désordre. Cette interprétation a redéfini la perception du personnage, en le faisant basculer du côté de l’antihéros nihiliste.
• Jared Leto (Suicide Squad, 2016) : Si Leto a tenté une approche plus extravagante, mêlant violence et extravagance, son interprétation a été critiquée pour son manque de profondeur et sa trop grande déconnexion par rapport aux itérations précédentes. Ce Joker, dans un registre plus « gangster », a été perçu comme moins marquant.
• Joaquin Phoenix (Joker, 2019) : Là où Phoenix se distingue, c’est dans l’ancrage réaliste et psychologique du personnage. Plutôt que de le présenter comme un vilain archétypal, son Joker est d’abord un homme en souffrance, rejeté par une société cruelle et inhumaine, ce qui pousse son basculement vers la folie.

Avec Joker : Folie à Deux, il semble que Todd Phillips cherche à approfondir cette approche réaliste, mais en y ajoutant un aspect plus théâtral et musical. La présence de Lady Gaga, avec ses talents de chanteuse et d’actrice, pourrait faire de cette suite une œuvre hybride, entre drame psychologique et opéra tragique.

Un film hors du DC Universe étendu

Il est important de noter que Joker et sa suite ne s’inscrivent pas dans la continuité du DC Extended Universe (DCEU), qui comprend des films comme Justice League ou Aquaman. Ces films se situent dans une sorte de « Elseworlds », un concept emprunté aux comics, désignant des histoires alternatives qui n’interfèrent pas avec la continuité principale. Cette liberté permet à Phillips d’explorer le personnage du Joker sans avoir à se soucier des contraintes narratives imposées par le DCEU.

Joker : Folie à Deux s’annonce comme un nouveau jalon dans l’histoire des adaptations de comics, fusionnant les genres de manière inattendue. Si le premier opus avait surpris par son approche réaliste et intime, cette suite pourrait redéfinir à nouveau les attentes des spectateurs en matière de films de super-vilains. Reste à voir si l’audace de Phillips, combinée aux talents de Phoenix et Gaga, saura transformer cette « folie à deux » en une œuvre aussi marquante que la première.