CINEMA

Sauve qui peut : plongée immersive dans le quotidien des soignants à travers la simulation

today9 février 2025

Arrière-plan
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Ce documentaire captivant nous entraîne au cœur d’un centre de formation où de vrais soignants et de faux patients simulent des consultations médicales. Un dispositif immersif qui questionne la réalité des conditions de travail hospitalières.

Un jeu de rôle plus vrai que nature

Alex Poukine, réalisatrice du documentaire, s’est intéressée à la simulation dans le milieu médical après avoir découvert à quel point ces exercices pouvaient influencer la réalité. « J’étais fascinée par ces mises en situation, où les soignants et les patients simulés jouent si bien leur rôle que tout semble authentique », explique-t-elle.

L’objectif du film est de mettre en lumière l’importance de la communication et du développement des qualités humaines dans les professions médicales. Des aptitudes essentielles qui ne sont pas innées, mais qui s’acquièrent et peuvent être affectées par les conditions de travail souvent précaires.

Une réalité hospitalière parfois brutale

Le documentaire a été tourné dans trois pays, notamment en Suisse au CHUV à Lausanne, mais aussi en France et en Belgique. Si les simulations sont criantes de réalisme, elles ne rendent pas toujours justice aux difficultés vécues par les soignants sur le terrain.

En Belgique, par exemple, des infirmières ont exprimé leur frustration lors des débriefings. « On nous impose des simulations qui ne reflètent pas notre quotidien. Dans l’exercice, on a 20 minutes pour un patient. Dans la vraie vie, on en a cinq, et souvent sans même avoir un médecin à nos côtés », raconte l’une d’elles. La pression du temps et le manque de ressources humaines rendent leur travail bien plus complexe qu’il n’y paraît en formation.

Une exploration au-delà des simples simulations

Au-delà des scènes de formation, Sauve Qui Peut pousse la réflexion plus loin. En France, la réalisatrice a filmé un atelier de théâtre forum où des soignants rejouent des scènes de violence institutionnelle qu’ils ont personnellement vécues. Une manière de questionner le système de soins et de réfléchir à l’impact de l’organisation hospitalière sur la bienveillance des soignants. « La question centrale du film était : est-il possible d’être bienveillant au sein d’un système maltraitant ? » souligne Alex Poukine.

Un regard changé sur le milieu hospitalier

Pour la réalisatrice, ce documentaire a été une véritable révélation. « J’avais une certaine réticence envers le monde médical, issue de ma propre expérience de patiente. Mais en voyant la difficulté du métier, j’ai complètement changé de regard », confie-t-elle.

Lors du tournage, elle a même enfilé une blouse blanche et tenté de jouer le rôle d’un médecin. Une expérience qui l’a confrontée à la complexité du métier, entre savoir, savoir-faire et savoir-être. « Annoncer une maladie à un patient, même si elle n’est pas mortelle, demande un véritable apprentissage », souligne-t-elle avec admiration.

Alex Poukine nous offre un documentaire puissant qui interroge, émeut et suscite une profonde réflexion sur la place de l’humain dans un système de soins souvent déshumanisé.

Écrit par: Maurizio Iulianiello