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today20 novembre 2025
Disney a enfin dévoilé les premières images de « Vaïana : La Légende du Bout du Monde » en live action. Affiche, bande-annonce, déclaration officielle : tout y est. Et autant le dire, ce premier aperçu mélange émerveillement, casting prometteur… et interrogation sur la frontière de plus en plus floue entre cinéma “réel” et déluge d’images de synthèse. Car oui, la bande-annonce est belle. Mais elle semble aussi animée qu’un Pixar sous caféine.
Le studio présente Catherine Laga‘aia dans le rôle de Vaïana. Une jeune comédienne originaire des Samoa, qui porte avec force l’hymne « I Am Moana » entendu en fin de bande-annonce. De son côté, Dwayne Johnson reprend le rôle de Maui, ce demi-dieu un brin imbu de lui-même qu’il avait déjà doublé dans l’animé. Le tandem est solide, charismatique et taillé pour attirer autant les fans de la première heure que les nouveaux spectateurs.
Les premières images font voyager immédiatement : l’île de Motunui, ses plages, ses falaises, sa lumière chaleureuse, la tribu des Kakamora, et bien sûr l’océan, presque divin, toujours en mouvement. Le film semble prêt à embrasser toute l’ampleur du récit original, celui d’une jeune navigatrice qui ose franchir le récif de son île pour sauver son peuple, accompagnée du demi-dieu le plus imprévisible de la mythologie polynésienne.
La distribution s’enrichit d’acteurs majoritairement originaires de Nouvelle-Zélande. John Tui incarne le père pragmatique de Vaïana, Frankie Adams sa mère déterminée et solaire, et Rena Owen prête sa sagesse à la grand-mère Tala, figure culte de l’histoire. Un casting bien ancré culturellement, en cohérence avec l’envie de Disney de respecter les traditions du Pacifique, un point qui avait largement joué dans la réussite du film d’animation.
À la réalisation, Thomas Kail, connu pour son travail sur Hamilton, assure la direction de ce remake ambitieux. Un choix surprenant pour un blockbuster maritime, mais intéressant lorsqu’on sait la place que la musique, le rythme et les performances humaines occupent dans l’univers du cinéaste.
Reste que derrière ces qualités naissantes, un doute s’installe : que reste-t-il du « live action » quand tout semble baigner dans le numérique ? Car l’océan, les métamorphoses de Maui, les créatures mythiques, les environnements, même certains plans censés être tournés en décors naturels paraissent tellement lissés, tellement parfaits, qu’on peine parfois à distinguer la réalité du rendu CGI. On se retrouve face à un paradoxe : Disney veut montrer de “vrais acteurs”, mais les entoure d’autant d’effets spéciaux que dans un film d’animation.

Cette question agite d’ailleurs les réseaux et les premiers retours du public. Beaucoup notent la présence massive de synthèse, qui réduit finalement l’intérêt visuel du remake. Si la version originale reposait presque entièrement sur un univers animé, elle assumait pleinement son style. Ici, le risque est de proposer un film hybride, où le réalisme revendiqué par la communication ne se retrouve pas vraiment à l’écran.
Un autre point alimente les discussions : l’impression de revoir une copie très proche du film de 2016. Certains plans semblent directement réinterprétés, presque plan par plan. La fidélité est louable… mais quel est l’apport réel d’une nouvelle version si elle n’apporte pas de variation notable au récit, au ton ou à la mise en scène ? Le public accepte volontiers les remakes Disney lorsqu’ils réinventent, surprennent ou explorent un autre regard. Ici, il faudra que le long-métrage propose plus que des performances humaines et des décors photoréalistes pour justifier son existence face à l’animé, qui reste un classique moderne.
Le débat touche aussi à une question plus large : le rôle de la technologie dans les productions hollywoodiennes actuelles. L’industrie flirte de plus en plus avec des outils comme l’IA, la motion capture avancée ou les environnements virtuels. Des rumeurs évoquaient même une utilisation de technologies de type « deepfake » autour du personnage de Maui avant que Disney n’écarte cette option, conscient des enjeux éthiques et de l’attachement du public aux acteurs physiques. Ce simple épisode rappelle que les limites techniques et morales sont désormais au centre du processus de création.
Pour autant, il serait injuste de juger le film trop vite. Le teaser ne montre qu’un fragment du résultat final, et l’on sent dans les images un vrai respect des thèmes fondateurs : la quête d’identité, la connexion à la nature, l’héritage des traditions du Pacifique. Catherine Laga‘aia semble incarner Vaïana avec sincérité, et son interprétation vocale laisse penser qu’elle pourra marquer cette nouvelle version de son empreinte. Avec un casting culturellement pertinent, une mise en lumière des mythes polynésiens et un récit déjà éprouvé, Disney a entre les mains un projet qui peut toucher un très large public.

Reste à trouver l’équilibre. Pour que la magie opère vraiment, il faudra que l’émotion reste plus forte que la technologie, que les personnages respirent malgré la post-production et que Motunui ne paraisse pas sortie d’un moteur graphique dernier cri. Vaïana est un symbole de liberté et de courage. La réussite du film dépendra de la capacité du studio à retrouver cette sincérité dans une époque où tout peut être fabriqué par ordinateur… mais où rien ne remplace un regard, un souffle, un geste vraiment humain.
« Vaïana : La Légende du Bout du Monde » version live action sortira en juillet 2026. La mer s’ouvre, les attentes aussi. À Disney maintenant de prouver que ce voyage mérite d’exister aux côtés du film original.
Écrit par: Maurizio Iulianiello
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